Le Moulin de la Sourdine


L’histoire d’un crime perpétré par un notable dans une petite ville de province.


Marcel Aymé 
Œuvres romanesques complètes 
La Pléiade II (pp.333-500)

Contexte

Le Moulin de la Sourdine a été écrit de l’automne de 1935 au printemps de 1936, durant cette même période Marcel Aymé a publié un grand nombre d’articles, pour la plupart dans le journal Marianne. Le roman est d’abord publié en préoriginale en quinze épisodes dans le même journal, du 29 avril au 5 août 1936, puis chez Gallimard dans la collection blanche en juillet 1936.

Synopsis

Dans une petite ville de province non désignée (Dole où l’auteur a grandi), un notaire en proie à ses fantasmes sexuels, assassine sauvagement sa jeune bonne. Lors d’une escapade en haut du clocher de la cathédrale, un collégien est témoin du drame, alors qu’un vagabond des bas quartiers d’aspect difforme et avec casier judiciaire est l’accusé idéal.

Les thèmes

La vie d’une petite ville de province durant la période de l’entre-deux-guerres.
Les manœuvres politiciennes au sein du conseil municipal. 
Les relations entre les notables et les habitants des milieux populaires.
Le souci de respectabilité, les préjugés et la peur du scandale chez les notables et les parvenus.
La solidarité de classe et la fidélité en amitié chez les habitants des quartiers pauvres.
Le monde des enfants avec son innocence et ses codes et l’incommunicabilité avec celui des adultes.

Les personnages

Buquanant : dit « Buq », écolier bagarreur, du quartier de la Malleboine (p.335)

Charnotey : écolier qui s’oppose à Buquanant (p.335)

Victor Pucelet : écolier, « grand dépendeur » fils d’un photographe et d’une mère qui l’a abandonné quelques mois après sa naissance (p.336)

Antoine Rigault (12 ans) : écolier calme, un peu triste, bon élève, bon copain (p.337)

Alexandre Maillard : brigadier de la police municipale (p.339)

Fabien Rigault : le père d’Antoine, bonhomme ennuyeux et raide, puant le travail triste (p. 341), travaille à l'usine T.D.C. (p. 351)

Mme veuve Buquanant : mère de « Buq » qui tient une teinturerie en haut de l’escalier (p.466). On peut penser que l’auteur a pris pour modèle de cette mère attentive, sa tante Léa Cretin-Monamy qui l’avait recueilli et qui tenait un magasin de lingerie à Dole, place de l’Ancienne Poste à deux pas de l’escalier qui mène de la Place aux Fleurs à la rue des Vieilles Boucheries.

Les deux sœurs Jaillet : (p.343)

Marie-Louise Artevel : amie de Buq (p.343)

Maître Marguet : le notaire, auteur d’un crime affreux sur la personne de sa jeune bonne (p.345)
Le pharmacien Homais : évoqué par M° Marguet (p.345). Personnage de petit bourgeois vaniteux, du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert.

Le vieux Butillat : qui refuse de vendre un terrain pour l’extension des usines T.D.C. (p.346)

Marcel Troussequin (né en 1895) : homme à l’aspect monstrueux qui fait un petit travail pour M°Marguet – qui est accusé du meurtre (p.347)

Musson : employé des usines T.D.C., responsable d’une erreur dans les états de fin de mois (p.351)

Feu le beau-père de Musson : vice-président de la Libre Pensée et membre influent du parti radical (p.352).

Philippon : le maire de la ville, du parti radical, qui fait passer ses intérêts politiques avant la recherche de la vérité (p.352)



Devard : le directeur des usines D.T.C. qui souhaiterait acheter le terrain du vieux Butillat (p.354). L’auteur a pu prendre pour modèle l’usine des Radiateurs à Dole.

Une jeune femme en noire : qui prie au premier rang devant l’autel de la cathédrale (p.358)

Les femmes qui hantent les nuits de M° Marguet (p.359) : Roberte Boulier, la boulangère grande et robuste de la rue des Rencontres – Une fille pâle au fichu jaune qui s’en va claquant des savates – La petite bonne des Frainel : M° Marguet lui a marché sur le pied – Les trois sœurs Janet : à la messe du dimanche – Une écolière cambrée au mollet blond, la concierge de la mairie, les deux demoiselles Vatard, etc.

L’abbé Duperron : confesseur de Lucie Marguet, femme du notaire (p.360)

Lucie Marguet : la femme du notaire, fille de militaire mariée sans dot depuis 7 ans, très dévote (p.360)

Rebuchat : l’huissier de la place Aubert (p.360)



Crépel : l’organiste de la cathédrale, voisin de M° Marguet (p.361). Dans la réalité, l’organiste de la collégiale de Dole habitait une maison voisine de la cure située elle-même rue Carondelet qui semble correspondre à la rue Jacques-de-Molay du roman.

Juliette Rigault : la mère d’Antoine Rigault (p.363)

Rigault (dit Rigodon) : raccommodeur de porcelaine, père de Fabien Rigault, et grand-père d’Antoine, ivrogne et noceur, cité par Troussequin (p.366)

Les cinq garnements de 13 ans évoqués dans les souvenirs de Fabien Rigault : lui-même, Troussequin, son frère Emile, mort depuis, Michon de la rue Gorgerin et Lémontier Victor tué en Champagne (p.367)

Les filles à Tétère : deux prostituées du quartier de la Malleboine(p.368)

Le docteur Coinchot : ami du maire, conscience du parti radical (p.371)

Carmagnet : feu le député (durant 17 ans) de la circonscription auquel il faut trouver un successeur (p.373) 

Leboiseul (45 ans) : candidat radical au poste de député (p.374)

Fouchard (39 ans) : riche avocat et conseiller municipal, adversaire du maire Philipon. Il brigue également l’investiture du parti (p.374)

Le père de Fouchard : personnage sans scrupule, qui a défloré deux cousines germaines du Dr Coinchot, engrossant l’une et poussant l’autre au couvent (p.375)

Boncresson : le bourrelier (p.378)

Trésor (25 ans) : un garçon grand et maigre, élevé par les filles à Tétère (p.381)

Maman Minie et Maman Marion  (la quarantaine): les filles à Tétère ainsi appelée Trésor (p.381)

Billotey et Manaquès : compagnons de passage des filles à Tétère (p.381)

L’agent Charlasse : dit « Lulu », adjoint du brigadier Maillard, issu du quartier de la Malleboine (p.385)

Jules : chez qui les filles à Tétère sont allées prendre le café (p.388)

Artevel : famille de Marie-Louise, l’amie de Buq (p.389)

L’oncle Louis : oncle de Marie-Louise Artevel, qui est en prison (p.394) 

Charlotte Richon (19 ans) : la victime, bonne de M° Marguet depuis six mois (p.397)

La cuisinière : du couple Marguet (p.398)

M. Crudet : le commissaire de police (p.399)

L’agent Guilbon : petit homme brun au visage mal avenant (p.406)

Le père du grand Pucelet : photographe (p.406)

Une jeune femme qui passe et que le grand Pucelet regarde avec insistance (p.406)

Mme Marguet mère (80 ans): mère du notaire (p.409)

Le père de Charlotte Richon : venu de la campagne se recueillir auprès de sa fille assassinée (p.411)

Vuillemard et sa femme : lui travaille à l’usine, elle tient le café (p.411)

Pierre Artevel : le frère aîné de Marie-Louise (p.412)

Le père Artevel : qui a de nombreux enfants (p.413)

Klein : un ami de Troussequin qui habite dans les bois (p.416)

L’équipe de rugby : qui débarque de la gare après avoir vaincu celle de Dijon (p.421)

M. Alfan : le juge d’instruction, aimant la musique comme M° Marguet (p.422)

Le Préfet : discute avec le maire, l’adjoint et le propriétaire des Magasins-Neufs, président de la philharmonie (p.438).

Mgr Bonnet : qui, non sans ironie, avait félicité l’organiste pour sa puissance (p.442).

Le chanoine Budin : qui passe devant chez l’organiste (p.443). A Dole, l’organiste de la Collégiale habitait dans une maison de la rue Carondelet à côté du presbytère.

L’abbé Casaubon : jeune abbé qui demeure rue des Renaudes (p.444).

La bonne de l’organiste Crépel : qui rentre de faire des courses (p.444).

Le professeur d’histoire : qui fait un cours sur la guerre de Trente Ans (p.447)

Jurion : le libraire qui pratique la photographie (p.452)

Vousier : photographe dont les cravates, les chapeaux d’artiste et les longues pipes font présumer un caractère puéril (p.452)

Michaud : photographe très dévot, sa femme aussi (p.452)

Fondu : photographe, excellent opérateur ayant l’abord et la réputation d’une fripouille (p.453)

Madame Maillard : la femme du brigadier Maillard depuis 4 ans, veuve d’un employé de la mairie (p.455) 

Un vieillard mince et frileux qui prend le soleil (p.456)

Un homme à la face de papier mâché, blessé et suffoqué de guerre (p.458)

Oudard : le menuisier habitant rue du sire-de-Rouylans (p.460)

Léonard : le patron de l maison de tolérance du n°15 de la rue des Nonnettes (p.461)

Un groupe de fillettes qui sautent à la corde (p.463)

Mme Berton : une amie de Mme Marguet (p.485)

Un jeune homme : avec qui la victime, Charlotte Richon, sortait les dimanches après-midi (p.487)

La sœur du Dr Coinchot : qui colporte les rumeurs (p.489)

Les lieux

Rue de l’Herbe-Sèche : (p.335)


Rue de la Clé-d’Or : (p.342)

Rue du Sire de Roulans : (p.342)

Ruelle du Rus : (p.342)

Rue des Nonnettes : (p.342) – avec une maison de tolérance au numéro 15 (p.417)



Rue du Papegai : où habite Troussequin. A Dole : le « papegai » était le nom du perroquet de bois ou de carton que l’on plaçait en haut d’une perche pour les concours de tir des arquebusiers. Le vainqueur recevait pour un an le titre de « roi » avec certains privilèges et quelques devoirs. A Dole, un pavillon des arquebusiers est situé au bas de la « rampe du

Cours  Saint-Mauris » dans le prolongement du pont du Pasquier. (p.342)

Passage du Vert-Vert : (p.342)

Le quartier de la Malleboine : il s’agit du quartier de la basse ville, actuellement site historique. Mais à l’époque, il s’agissait qu’un quartier mal famé comportant la rue des Vieilles

Boucheries, la rue Pasteur, etc. (p.342)



La Sourdine : rivière souterraine qui coule dans le quartier de la Malleboine (p.342). Il s’agit de la Grande fontaine débouchant dans le rue Pasteur (ancienne rue des Tanneurs) à Dole.

Un château fort : situé du côté de la gare (p.342). Il peut s’agir d’une transposition du château disparu de Frédéric Barberousse, situé à l’emplacement actuel du groupe scolaire Pointelin, desservi par la rue du Vieux Château.

Avenue Raymond-Poincaré : (p.344)

Chemin Emile-Voirot : (p.345)



Rue Jacques-de-Molay : où habite M° Marguet (p.345). En réalité, cette rue de Dole est située dans le prolongement de la rue Jean-de-Vienne et relie la rue Chifflot à la rue du Théâtre. Mais la description qui en est faite p.358 permet de la situer au niveau de la rue Carondelet menant de l’église à la rue Granvelle.

Rue Jouffroy : où le vieux Butillat possède un hectare de terrain (p.346)

Rue du Sire-de-Roulans : où est né Marcel Troussequin  (p.349)

Les Usines T.D.C. : dont le directeur attend M° Marguet. L’auteur s’est probablement inspiré des quelques usines installées à Dole : Les Radiateurs, Usines Moniotte, Audemard, etc.(p.351)

Rue Gustave-Bon : (p.353)



Le pont du chemin de fer : où s’accoude le père d’Antoine Rigault. Probablement inspiré du pont dit « de la Bougie », d’où l’on domine les voies et la gare de Dole (p.353)

La maison des Rigault : à 5 ou 600 mètres du pont du chemin de fer (p.354). Correspondrait à la rue Léon-Guignard, seule rue située dans le prolongement du pont.

La rue des Rencontres : artère principale de la ville, évoquant l’axe formé à Dole par la rue des Arènes et la rue de Besançon (p.358)

Place Aubert : où habite l’huissier Rebuchat (p.360)

Rue de la Clé-d’Or : où le père de Fabien Rigault rejoignait des gamines, selon Troussequin (p.365)

Le parapet du Rond-Point : d’où les garnements (Fabien Rigault et Troussequin) épiaient le père de Fabien (p.365)

Rue des Visitandines : où se trouvait l’école communale (p.367)

Rue d’Arbois : (p.369)

Impasse de la Sourdine : où habitent les filles à Tétère (p.380)

Le mur du Rond-Point : dans le quartier de la Malleboine (p.380)

Le carrefour des cinq : (p.380)

Rue aux Oiseaux : (p.380)

La rampe du Blaireau : (p.381) Une seule artère doloise porte le nom de rampe, il s’agit de la Rampe du Cours, qui part de la Place Grévy et descend en pente raide, longeant le Cours Saint-Mauris pour rejoindre les berges du canal qui amène l’eau dans les fossés de la ville.



Vue du clocher : le collège (Collège de l’Arc, ancien collège des Jésuites) – la préfecture (ancien hôtel Berreur) – la gare (au nord) – la chapelle bleue, les couvents : Les Dames d’Ounans, Les Cordeliers (Palais de Justice), Les Tiercelines (école libre de filles), les Carmes, etc. (p.391)



Place de l’Hôtel-de-Ville : où Fabien Rigault emmène son fils Antoine (p.403)

Le café Vuillemard : au coin de la rue du Papegai et de l’impasse de la Courte (p.411)

Rue des Ladres et rue de l’Ourson : où Artevel a vu Maillard (p.414)

Les bois entre Sexelles et Saint-Aunay : où se trouve la maison de Klein, l’ami de Troussequin (p.416)

Rue Raulin : qui mène au commissariat de police (p.418)

Rue Belley : (p.433)

Rue des Renaudes : où demeure le jeune abbé Casaubon (p.444).

La morte aux Deux-Boucs : (p.450)

Chez Lanois : marchand de papier peint (p.455)

La ruelle des Sœurs Mignot : qui prolonge la rue des Nonnettes de l’autre côté de la rue des Oiseaux (p.463)

Route de Paris : où Antoine Rigault habite selon Buq (p.464)

Rue Petit-Clairon : (p.493)

Presse et travaux

Bailly, Henri Auguste : « Le Moulin de la Sourdine ». Candide (22 octobre 1936).

Billy, André : « Le Moulin de la Sourdine ». L’œuvre (6 octobre 1936).

Bourgeois, André : « Le Moulin de la Sourdine » http://andrebourgeois.fr/marcel_ayme. htm#Moulin_Sourdine (mise à jour : 22 août 2007)

Brasillach, Robert : « Le Moulin de la Sourdine ». L’Action française (6 octobre 1936). 

CRDP (Besançon) : « Marcel Aymé, le Moulin de la Sourdine » In : Voyages dans l’espace et le temps des villes. http://crdp2.ac-besancon.fr/catalog/sites/menu6/1chap6.pdf

Frank, Bernard : « La chose ne vous regarde pas ». Nouvel Obs. n°1860 (29 juin 2000)

Hertz, H. : « Le Moulin de la Sourdine ». Europe (1936)

Keene, Frances : “A hankering for violence; The Secret Stream by Marcel Aymé”. The New York Times (1954, Febr.7)

Lalou, René : « Le Moulin de la Sourdine ». Vendredi (23 oct. 1936)

Maillot, Françoise : « Le Moulin de la Sourdine ». Cahier Marcel Aymé n°23 (2005): pp. 41-63

Prescott, Orville : “Books of the times. The Secret Stream by Marcel Aymé”. The New York Times (1954, Febr. 03).

Richard, Marius : « Le Moulin de la Sourdine ». La Revue de France (15 novembre 1936).

Rousseaux, André : « Le Moulin de la Sourdine ». Le Figaro (17 otobre 1936).

Citations

« Il pensa que sa femme devait être là-bas, dans l’armoire à confesse, en train de laisser tomber dans l’oreille poilue de l’abbé Duperron la neige de ses menus péchés » (Maître Marguet, p.360)

« Une partie de sa clientèle qui payait recta, se recrutait dans cette catégorie de menus bourgeois à laquelle appartenait Rigault. Il connaissait les difficultés, les soucis de leurs vies laborieuses, les limites que leur imposait une naïve gratitude à la société qui permet de se promener le dimanche avec un chapeau melon et une canne. » (Dr Coinchot, p.378)

« Il sentait bien la faiblesse de son âge et pleurait dans son oreiller en se plaignant tout bas de l’injustice du hasard qui avait chargé ses épaules enfantines d’un fardeau si lourd ». (Antoine Rigault, p.402)

« Pour les habitants de la Malleboine, Troussequin n’était pas seulement un des leurs ; son visage humble et terrible était celui de leur misère ; une même grimace pour la joie et pour la douleur, et qui dégoûtait les notaires et les domestiques des notaires » (p.415)

« Il songeait que la justice est d’abord une passion qui n’a presque rien à attendre de la vertu ». (M° Marguet, p.467)

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